mercredi 2 décembre 2015

"L'être ensemble" comme propos artistique en danse

Si la danse puise toujours dans un "être ensemble" – que l'on pense à la création en studio, à la collaboration entre interprètes, chorégraphes, concepteurs, directeurs des répétitions, ou au partage de l'œuvre avec le public – certains spectacles font plus particulièrement appel à cette notion, que ce soit par une immersion voire une participation directe du public, ou encore en mettant "l'être ensemble" au cœur même de l'œuvre : l'être ensemble comme propos artistique.

L'artiste invitée pour échanger avec nous sur ces (nouvelles ?) formes d'être ensemble était l'interprète Marie Claire Forté, qui a notamment travaillé avec PME-ART, Public Recordings et Ame Henderson.

En parlant de son expérience dans What We Are Saying, de Ame Henderson, Marie Claire a abordé une notion qui m'a intéressée, celle "d'hyper-public". Deux artistes, dont Marie Claire, ont été invités à collaborer au spectacle de manière toute particulière : spectateurs parmi les spectateurs pendant la première demi-heure du spectacle, ils se sont ensuite mis à participer à l'œuvre au même titre que les autres artistes (d'où l'idée d'hyper-public). Non seulement cela créait une surprise dans l'assistance, mais le code du spectateur passif ayant été brisé, cela autorisait aussi le public à se joindre à l'œuvre s'il le désirait. Ceci dit, je crois qu'aucun spectateur ne s'y est risqué…

Marie Claire Forté évoquait également que ces formes d'être ensemble auxquelles elle a participé n'étaient pas dans la séduction, il y avait plutôt une "vulnérabilité assumée des pièces".


Avant de nous poser quelques questions, regardons ça de plus près…

What We Are Saying, de Ame Henderson



All Together Now, de Meg Stuart



Infinity Doughnut, de Katie Ward





De repente fica tudo preto de gente (Soudain, tout est noir de monde), de Marcelo Evelin



J'ajoute une vidéo dont nous n'avons pas discuté en atelier mais dont quelqu'un m'a parlé
à Parcours Danse :
It Comes In Waves, de Necessary Angel (Toronto) 




Quelques questions en suspens…
Le titre de l'atelier était (nouvelles?) formes d'être ensemble. Le point d'interrogation me semble fort à propos; que je pense au Butoh, aux danses participatives qui accompagnent certaines cérémonies religieuses, aux danses folkloriques, à certaines recherches de catharsis par la danse… Je ne suis pas sûre de la nouveauté de la chose. À creuser!

Pour moi, plusieurs œuvres dont nous avons parlé mettaient un tel accent sur le processus (les contraintes imposées aux danseurs) que je me suis demandé : dans ces formes contemporaines d'être ensemble, le processus devient-il la finalité de l'œuvre?
Et est-ce pour cela que j'ai parfois la sensation d'assister à un "exercice" de danse, et de ne pas y trouver mon compte comme spectatrice?  

Un dernier point, pour ouvrir le débat. 
Nous avons aussi parlé de nouvelles formes collaboratives qui remettent en question une conception traditionnelle de la danse, notamment avec l'émergence de l'interprète-créateur et de la création collective. Effet pervers d'un certain formatage de nos communications, c'est bien souvent le nom d'un seul créateur qui est inscrit dans les programmes de soirée, même lorsque la création collective a fait appel sept co-créateurs…  
Quelle place y a-t-il pour ces nouvelles formes de collaboration? Comment en parler? 
Dès lors que l'on sort du cadre traditionnel, on peut se sentir prisonnier du carcan de la norme.
Tout est à réinventer. Sans cesse.
La beauté de la chose.



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