Si la danse puise toujours dans un "être
ensemble" – que l'on pense à la création en studio, à la collaboration
entre interprètes, chorégraphes, concepteurs, directeurs des répétitions, ou au
partage de l'œuvre avec le public – certains spectacles font plus
particulièrement appel à cette notion, que ce soit par une immersion voire une participation
directe du public, ou encore en mettant "l'être ensemble" au cœur même
de l'œuvre : l'être ensemble comme propos artistique.
L'artiste invitée pour échanger avec nous sur ces
(nouvelles ?) formes d'être ensemble était
l'interprète Marie
Claire Forté, qui a notamment travaillé avec PME-ART, Public Recordings et Ame
Henderson.
En parlant de son expérience dans What We Are Saying, de Ame Henderson, Marie
Claire a abordé une notion qui m'a intéressée, celle "d'hyper-public".
Deux artistes, dont Marie Claire, ont été invités à collaborer au spectacle de
manière toute particulière : spectateurs parmi les spectateurs pendant la
première demi-heure du spectacle, ils se sont ensuite mis à participer à l'œuvre au même
titre que les autres artistes (d'où l'idée d'hyper-public). Non seulement cela
créait une surprise dans l'assistance, mais le code du spectateur passif ayant
été brisé, cela autorisait aussi le public à se joindre à l'œuvre s'il le
désirait. Ceci dit, je crois qu'aucun spectateur ne s'y est risqué…
Marie Claire Forté évoquait également que ces
formes d'être ensemble auxquelles elle a participé n'étaient pas dans la
séduction, il y avait plutôt une "vulnérabilité assumée des pièces".
Avant de nous poser quelques questions, regardons ça de plus près…
What We Are Saying, de Ame Henderson
All Together Now, de Meg Stuart
Infinity Doughnut, de Katie Ward
De repente fica tudo preto de gente (Soudain, tout est noir de monde), de Marcelo Evelin
J'ajoute une vidéo dont nous n'avons pas discuté en atelier mais dont quelqu'un m'a parlé
à Parcours Danse :
It Comes In Waves, de Necessary Angel (Toronto)
Quelques questions en suspens…
Le titre de l'atelier était (nouvelles?) formes d'être ensemble. Le
point d'interrogation me semble fort à propos; que je pense au Butoh, aux
danses participatives qui accompagnent certaines cérémonies religieuses, aux
danses folkloriques, à certaines recherches de catharsis par la danse… Je ne suis pas
sûre de la nouveauté de la chose. À creuser!
Pour moi, plusieurs œuvres dont nous avons
parlé mettaient un tel accent sur le processus (les contraintes imposées aux
danseurs) que je me suis demandé : dans ces formes contemporaines d'être
ensemble, le processus devient-il la finalité de l'œuvre?
Et est-ce pour cela que j'ai parfois la
sensation d'assister à un "exercice" de danse, et de ne pas y trouver
mon compte comme spectatrice?
Un dernier point, pour ouvrir le débat.
Nous
avons aussi parlé de nouvelles formes collaboratives qui remettent en question
une conception traditionnelle de la danse, notamment avec l'émergence de
l'interprète-créateur et de la création collective. Effet pervers d'un certain
formatage de nos communications, c'est bien souvent le nom d'un seul créateur
qui est inscrit dans les programmes de soirée, même lorsque la création
collective a fait appel sept co-créateurs…
Quelle place y a-t-il pour ces nouvelles
formes de collaboration? Comment en parler?
Dès lors que l'on sort du cadre
traditionnel, on peut se sentir prisonnier du carcan de la norme.
Tout est à réinventer. Sans cesse.
La beauté de la chose.
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